vendredi 13 février 2009

Carnets de Ringo - N°7: Le costume

Ringo travaille dans un grand parc joyeux depuis quelques jours. On lui a prêté un grand costume plein de poils qui rebiffent, un accoutrement hilarant.
Maintenant qu'il l'a enfilé, il se trémousse en jubilant dans tous les sens, se désarticule, fait rire les enfants et leurs parents, prend à parti les gens au hasard des trottoirs, déclenche les sourires et la bonne humeur.
Chaque jour il a hâte de remettre le costume.Deux semaines ont passé.
Ringo est toujours obligé de porter le costume. Mais celui-ci a dégouliné, fondu, perdu de son éclat. Les passants le regardent d'un air condescendant. Certains semblent le trouver pathétique. Ce qui était de la fourrure aux reflets chatoyants n'est plus qu'une pâte molle, pareille à de la guimauve fondue et suintante qui lui colle aux cheveux, transpire sur sa peau, salissant son âme tout autant.
Désormais, il a peur de ne plus pouvoir jamais l'enlever...

4 commentaires:

MooN a dit…

trop triste...on ne peux pas cochoer de cases,ms c émouvant!

Anonyme a dit…

Pourquoi se punir toute sa vie et s'emprisonner dans un déguisement qui annihile tout ce qui nous défini?

Tu peux dire à Ringo que s'il veux enfin sortir nu, il peut! Il faut qu'il soit lui, et personne d'autre.

Unknown a dit…

Seul le costume peut-il vraiment atteindre l'âme ?...
J'en doute

Anonyme a dit…

Etre soi! Voilà le secret de toute relation durable.
La tendance naturelle à se comporter comme les gens voudraient que l'on soit est malheureuse. Et quand le masque tombe enfin, la désillusion finit par briser ces fragiles liens...

Sans forcément atteindre l'âme, le costume peut très vite devenir une prison, un marécage puant dont chaque mouvement fait pour s'en échapper nous enfonce davantage.

J'ai connu quelqu'un, remarquable au demeurant, qui avait tissé des liens d'apparence solide avec pas mal de personnes... mais qui s'était présenté dès le début avec un masque trompeur.
Maintenant que le masque s'effrite, il commence à courir, s'enfuir loin et de plus en plus vite. Sans même penser qu'il suffirait peut-être de s'arrêter, se retourner vers ceux qui l'aiment, et d'expliquer que ce masque avait simplement été mis à l'occasion de Mardi-Gras. Il préfère tout perdre et courir loin, loin vers l'horizon...
Gâchis.

Trotal